La sortie conjointe du 25 mars 2018 quartier Raspail 

des photos  par "clic" sur les imagettes

 

De Taponnier à Foucault : balade à Montparnasse
Les artistes passent, les ateliers restent…vides. Il y a belles lurettes que les artistes descendus de Montmartre pour remonter à Montparnasse au début du  XXe siècle ont quitté les lieux. Restent leurs souvenirs et leurs ateliers. Sculpteurs, peintres écrivains et autres bohèmes ont cédé la place à d’autres occupants autrement plus aisés.

Le rendez-vous ce 25  mars de 27 promeneurs au lycée hôtelier ultramoderne Guillaume Tirel à la sortie du métro Raspail, en face de la brasserie du Typographe, était on ne peut mieux choisi tant le lieu est chargé de souvenirs de Rimbaud à César. Le temps frisquet nous incite à entrer sans tarder au restaurant du lycée. C’est une brigade d’étudiants de première année qui assure le service avec ses hauts et ses bas, mais toujours avec gentillesse et un professionnalisme prometteur.

 

 

Dument restaurés mais encore lucides nous avons notre premier choc architectural en sortant du lycée : Un immense immeuble d’ateliers sur trois étages seulement tant sont hautes les verrières ( 1 à 7) . Mais ce qui frappe dans ce « monument »créé par André Arfvidson en 1910 c’est son revêtement intégral de grès émaillé, entre art nouveau et art déco dû au céramiste Alexandre Bigot qui reçut à ce titre le prix de la plus belle façade de Paris. Miro, Foujita, César, Modigliani, Soutine, Man Ray, pour n’en citer que quelques uns fréquentèrent les lieux. Nous les retrouverons avec d’autres à chaque étape de notre périple.

1234567

 

La rue Campagne Première que nous remontons évoque le souvenir du général révolutionnaire  Alexandre Taponnier et sa première bataille victorieuse à Wissembourg en 1793. Ce propriétaire foncier présent à la prise de la Bastille  connut d’autres succès militaires jusque sous l’Empire  au point que son nom est gravé sur l’arc de Triomphe de l’Etoile.

A côté de cet immeuble l’hôtel Istria  n’a d’autre intérêt que par ceux qui le fréquentèrent : Marcel Duchamp, Francis Picabia, Rainer Maria Rilke avant de devenir le secrétaire de Rodin, Tristan Tzara, Eric Satie, Maïakovski, Elsa Triolet…
En face (8) le petit square Yves Klein avec ses bancs bleus, le fameux monochrome de l’artiste dont nous voyons le dernier domicile à deux pas de celui de Nicolas de Staël. A l’entrée du passage d’Enfer un autre immeuble-ateliers à trois étages daté de 1930.
Revenant sur nos pas sur le boulevard Raspail nous butons sur « la naissance des formes » un bronze d’Ossip Zadkine (9) qui avait son atelier au 100 rue d’Assas où se fera la dernière débandade. En descendant le Boulevard vers Vavin nous croisons un curieux immeuble en forme de V inversé qui rompt  en creux avec l’alignement général. C’est qu’en son temps le père  Hugo (Totor)  y planta un arbre, depuis disparu, mais que les nouveaux bâtisseurs respectèrent en commettant un joli décrochage.

En face nous admirons le célèbre Studio « Raspail 216 »  (10) commandité par Héléna Rubinstein qui y habita. Ses six ateliers de façade sur trois étages sont dans le style épuré cubiste. L’œuvre de 1932 est signée du néerlandais d’origine polonaise Bruno Elkouken. La dernière séance du studio d’art et d’essais eut lieu en 1982. Aujourd’hui avec ses 260 places il fait office de théâtre géré par une association culturelle de la Poste qui l’a acheté.
Au début de la rue Delambre où Foujita résida, nous admirons un autre immeuble-ateliers (11) dû également à la prodigalité d’Eléna Rubinstein. Les six immenses verrières de la façade ont la particularité d’être encadrées par des vitraux opaques traités façon Lalique.

891011

En face, une « auberge de Venise » qui dans les années 20 était le bar Dingo où se retrouvait la « lost generation » avec Hemingway, Dos Passos, Sinclair Lewis, Ezra Pound, Henry Miller…
Plus loin, grâce à notre amie Saint-Pierre  qui en à le code nous pénétrons dans une cour d’immeuble bâti (12  et 13) avec des matériaux d’une exposition universelle. Au fond le la cour la mission catholique bretonne  et un cabinet d’architectes.
Sur le Boulevard Montparnasse nous saluons la fameuse « Coupole » de 1927 fortement rénovée et son Dancing évocateurs des années folles.

Dévalant la rue Vavin  nous tombons sur  l’incomparable immeuble en terrasses d’escalier entièrement revêtu de carreaux de faïence blanche, comme dans le métro (14 à 16 ). Cet immeuble de 1901, classé, est l’œuvre de l’architecte Sauvage.
A l’angle de la rue d’Assas  et de la rue Madame surgit comme une étrave de bateau une belle réalisation de Mallet-Stevens (17 à 19) avec ses vitraux cubistes ornant son étroite cage d’escalier.
Un peu plus bas, face à la « Catho » une maison fin XIXe rappelle que sur son emplacement Foucault y démontra grâce à son pendule la rotation de la terre. Une sculpture du pendule sur la façade rappelle l’événement. L’immeuble voisin nous offre une vitrine unique à Paris. Elle  est classée et signée Mallet-Stevens (20)
Remontant le long du Luco nous croisons un ultime immeuble (21) art déco en voie de classement.
Les rescapés de cette balade se retrouvent chez Philippe, entre Jardin botanique de la fac de pharmacie et la cour du Musée Zadkine pour un pot amical et bien mérité. 


 

12131415161718 19   2021

(Compte rendu : Philippe Thébault - Photos Jean-Marc Prilot/Philippe Thébault)

Publication  R Heinrich : Année 2018