La journée médiévale à Provins du 5 juin 2019

 

Provins : un saut au moyen âge

Il faisait bien frais et humide place de la Nation au petit matin de ce 5 juin choisi par le Bureau pour nous faire découvrir, voire redécouvrir Provins.

Visiter Provins c’est plonger sans transition plusieurs siècles en arrière. Ici pas besoin d’imagination, comme à Paris, pour se figurer l’activité des Champenois de l’époque, grands seigneurs comme l’emblématique comte Thibault IV, chevaliers servants ou pas, marchands, manants, tire-laine, ecclésiastiques de cour ou mitrés…Ce charme, cette  magie du lieu, tient aux malheurs d’hier de la noble cité qui font aujourd’hui le bonheur touristique actuel de la belle si longtemps endormie. La modification des anciennes routes commerciales, celles des grandes foires européennes, entraîna Provins vers un doux déclin.

Ce fut le mérite d’Alain Peyrefitte, maire et plusieurs fois ministre de Mon Général, de la sortir de sa torpeur dans les années 60. C’est lui qui, citant Napoléon, avait écrit « Quand la Chine s’éveillera (le monde tremblera) » sut insuffler vie à la belle endormie. Celle-ci n’a pas fait trembler le monde. Tout juste fait-elle frémir de plaisir l’amateur de d’histoire et de vieilles pierres. A l’abri de ses murailles intactes elle raconte ce que fut la vie d’une florissante cité du moyen-âge.

C’est d’ailleurs dans l’une de ses puissantes portes que commence la visite. Suit une déambulation à travers les rues bordées de belles maisons à colombages, modestes ou bourgeoises. On est surpris par la largeur des voies, ainsi voulues pour faciliter le charroi du grand commerce, Provins étant situé au carrefour des routes est-ouest et nord-sud. Chemin faisant sous une pluie fine un choix s’impose : visitons-nous la tour de « César » (186 marches) ainsi nommée en raison de sa hauteur et de son imposante masse, ou une non moins imposante maison de commerce. L’âge (et celui de nos artères) nous fait préférer le centre commercial et ses vastes entrepôts au rez-de-chaussée et en sous-sol. Là y sont évoqués les métiers d’antan : tisserands, drapiers, potiers, changeurs, ferronniers, tailleurs de pierres…Admirons ensuite une collégiale gothique surdimensionnée bien qu’inachevée et plus loin une petite construction romane attribuée à la communauté juive, pense-t-on, puisqu’elle abrite un bain rituel (mikvé). Le grand exégète champenois du Talmud, Rachi de Troyes, y serait passé ?

Au cours de cette balade on apprend incidemment que la fameuse formule qualifiant nos anciens souverains de « rois de France et de Navarre » trouve son origine en Champagne car au gré des politiques matrimoniales c’est une champenoise, petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine, qui fit apport de la Navarre en entrant dans la Maison de France. Quant aux fameuses roses odoriférantes de Provins il s’agit d’un héritage des Croisades.

Après un bon repas à la bruyante hostellerie de la grande place rien de tel qu’un bon tournoi équestre avec tout ce qu’il faut de preux chevaliers, de méchants esprits, de manants, de jongleurs, dragon et de gentes dames faisant la joie des enfants, voire des grands.

Enfin en apothéose, sur les remparts, un spectacle de fauconnerie que l’on peut qualifier de haut vol : Aigles, faucons chasseurs, hiboux, chouettes, grands ducs, vautours.

Mais le temps passe. Il faut redescendre sur terre et regagner la capitale et le XXIe siècle… … (Philippe Thébault)

slider jquery by WOWSlider.com v8.8