La Journée en Champagne

du 20 septembre 2019

 

Epernay, Reims :.. art de vivre et histoire

Place de la Nation, 7 h 30 du mat. L’aube se lève avenue du trône entre les colonnes de Saint Louis et de Philippe Auguste..L’endroit était on ne peut mieux choisi ce 20 septembre pour une plongée profonde ans l’histoire de France et son art de vivre.

Un confortable car permet aux amicalistes lève-tôt de se refaire une santé en roulant vers Epernay et Reims. Première étape Epernay avec ses splendides caves et riches sièges d’une quarantaine de maisons de Champagne. La maison Mercier nous y attend de pied ferme avec ce qu’il faut d’hôtesses polyglottes pour nous piloter. D’entrée on est frappé par le plus grand foudre du monde contenant l’équivalent de 200.000 bouteilles construit à l’initiative du fondateur, le génial Mercier entre 1870 et 1881 .Cent cinquante chênes furent nécessaire à sa réalisation. Et pour le déplacer  il ne fallait pas moins d’une vingtaine d’attelages de bœufs, plus quelques robustes chevaux de trait  pour les passages difficiles notamment pour se rendre à l’exposition universelle de Paris en 1889 où sa seule rivale n’était pas moins que la tour Eiffel ! Suit une séance vidéo à la gloire de la marque avant une descente bluffante vers les 18 km de caves 30 m sous terre. La plongée est lente mais agrémentée par des projections d’images brillantes et de bulles non moins alléchantes pour nous mettre en condition. L’atterrissage se fait en douceur et nous embarquons dans un petit train, genre train fantôme de la foire du Trône de notre enfance, mais sonorisé et piloté par lasers. Des millions de fraîches bouteilles défilent sous nos yeux et presque à portée de main..Mais pas touche et pas de flash pour ne pas brouiller le pilotage. Dans ce délicat exercice un de nos photographes attitrés y perd sa canne …qu’il retrouvera, arrivée à bon port bien avant nous au débarcadère débouchant directement sur la salle de dégustation.  L’apéro avant l’heure, mais il n’y a pas d’heure pour les amateurs de champagne.

L’œil encore pétillant on file vers Reims pour nous restaurer agréablement pour attaquer le sujet du jour : La cathédrale, sa légende dorée pièce essentielle de notre roman national. Les travaux de restauration avancent bon train depuis plus de 70 ans pour réparer les dégâts des bombardements allemands de 14-18 toujours douloureusement présents dans la mémoire collective des Rémois selon notre charmante guide. L’ange a retrouvé son sourire et des échafaudages masquent pour l’instant le portail central, lui aussi ruiné par les incendies de la grande guerre. Pour la petite histoire, c’est Albert Londres qui le premier, violant les interdits de l’état-major, fit le récit de la catastrophe. Sur cette façade partiellement restaurée Clovis, saint Rémy et Clotilde dominent la scène à la hauteur de double rosace, unique en son genre, habillée de vitraux modernes mais dans le respect des techniques et des couleurs des maîtres verriers de jadis. Le bleu surtout, couleur de la Vierge, parce que le plus coûteux à l’époque.

Au milieu de la longue nef figure l’endroit où Clovis aurait était baptisé, après son vœu à la bataille de Tolbiac de se ranger sous la coupe de l’Eglise s’il remportait la victoire face aux Alamans qui l’avaient sérieusement accroché. Chose promise, chose due et le miracle se produisit avec l’apparition de la fameuse colombe tenant en son bec une ampoule d’huile sainte pour oindre le néophyte. C’est ainsi que fut scellée la première alliance entre le sabre et le goupillon, comme le dit si bien Michelet. Une alliance qui devait durer mille ans avec Louis IX, Charles VII, grâce à Jeanne d’Arc, Louis XIV et ainsi de suite jusqu’à Charles X. Manquent à l’appel Louis VI, Henri IV et Louis XVIII. Comme dit Jacques Prévert, ces rois ne savaient pas compter jusqu'à XX.

Passant près du chœur, une horloge astronomique nous donne opportunément l’heure avant d’admirer trois vitraux de Marc Chagall où se fondent dans d’admirables bleus les traditions juives et chrétiennes : une crucifixion, la Vierge, les rois David et Salomon, les Prophètes du premier testament, l’arbre de Jesse, Jacob et l’ange … Cette fresque ressort d’autant plus qu’elle est encadrée de six lumineux vitraux dus au peintre abstrait et minimaliste allemand Knoebel. Minimaliste sauf pour les couleurs car c’est le premier dans cet art à en avoir utilisé autant : 24. L’œuvre célèbre selon l’artiste la réconciliation franco-allemande. Mais celle-ci était déjà entrée dans l’histoire le 8 juillet 1962 lors de la rencontre de Gaulle Adenauer le 8 juillet 1962 à Reims, lors d’une messe solennelle « pour la paix ».

En sortant on jette un coup d’œil au palais épiscopal de Tau (ouvert, fermé, fermé ouvert on ne sait pas trop bien) avant de prendre au soleil un dernière coupe…pour la route (PhilippeThébault)

 

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