LA promenade du19 avril 2012 DANS LE xivème SUR L'AMORCE DE LA COULEE VERTE
des photos par "clic" sur les imagettes
Ah, ils ne sont pas nés de la dernière pluie, les amicalistes. Tu crois leur faire découvrir des lieux insoupçonnés et ils les connaissent déjà. Tu leur donnes rendez-vous à la gare Montparnasse, tu prends avec eux l'escalator jusqu'à la salle des pas perdus, tu leur fais monter au fond à gauche un escalier métallique complètement ignoré de la plupart des usagers de la SNCF et de la RATP. Tu arrives, cinq étages au-dessus du sol, dans un jardin suspendu, le Jardin Atlantique, entouré des façades vitrées d'immeubles de bureaux et d'appartements qui bordent la rue du Ct-René-Mouchotte, le boulevard de Vaugirard et le boulevard Pasteur, et ils te disent qu'ils y sont déjà venus!
Le jardin en question a été créé en 1994 par les paysagistes François Brun et Michel Péna, Il faut que tu aies bien potassé ton sujet pour leur faire emprunter un chemin de planches dont ils ne soupçonnaient pas l'existence et pouvoir leur expliquer que l'allée centrale est plantée d'un côté d'arbres du continent européen, et de l'autre de leurs équivalents américains: le chêne pédonculé face au chêne rouge, le platane d'Orient face au platane américain.
A la sortie, sur la place de Catalogne (photo n°1), dont les façades méridionales sont dues à l'architecte catalan Ricardo Boffil, vue imprenable sur la tour Eiffel (2). La place (3 et 4) est ornée en son centre d'une vaste fontaine en plan incliné, «le creuset du temps», due au sculpteur d'origine polonaise Shamaï Haber (1922-1995).
Tout à côté, le jardin de la place de Séoul (5), malheureusement tout en travaux, puis l'église Notre-Dame du Travail, construite en 1896 pour les ouvriers employés à monter et démonter les expositions universelles de Paris de 1889 et 1900, étonnante structure métallique de style néo-roman (6).
C'était le village de Vaugirard, rattaché à Paris en 1860. A cet endroit se trouvait une chapelle, dévalisée pendant la Commune et convertie en club. L'abbé Soulange-Bodin a souhaité qu'y fût construit un nouvel édifice religieux, faisant valoir que «l'église doit rappeler à l'ouvrier son usine afin qu'il se sente chez lui, dans son milieu habituel, entouré de matériaux de fer et de bois que sa main transforme tous les jours ».
Réalisé par l'architecte Jules Astruc (1862-1955), le bâtiment s'inspire des nouvelles techniques de construction mises en oeuvre par Gustave Eiffel (7). Les murs latéraux, les contreforts ainsi que les murs du presbytère proviennent en grande partie de la démolition de l'abattoir de Grenelle. Ceux des façades recyclent des pierres de taille et des moellons récupérés dans divers palais éphémères du Champ-de-Mars. Toutes les chapelles latérales sont ornées de grandes peintures murales de style Art déco ou Art nouveau (8).
La cloche a été prise à Sébastopol pendant la guerre de Crimée, en 1855, et offerte à la paroisse par Napoléon III.
La Coulée verte proprement dite démarre au square du Cardinal Wyszynski, le long de la rue Vercingétorix et de la voie ferrée du TGV atlantique ((9). Ponctuée de terrains de basket, de tables de ping-pong, et d'un baby-foot auquel Geneviève n'a pas pu résister (10), elle borde, au niveau de la rue de Gergovie, le jardin du Moulin de la Vierge, créé en 1985 sur le site d'un des nombreux moulins à vent qui s'élevaient dans ce quartier de Paris (11) et dont il ne subsiste qu'un vestige (dépourvu de ses ailes) au coeur du cimetière du Montparnasse.
Rue Vouillé, on passe sous la voie ferrée que l'on longe vers le Sud par la rue de Castagnary jusqu'à la Halle aux huitres (12), une immense poissonnerie créée en 1976 et dont les gérants ont célébré le 25e anniversaire (en 2001) en construisant un monument constitué d'un phare, sur le modèle de celui du Croisic (du côté de Saint-Nazaire), et d'un chalutier échoué, dédié aux morts en mer (13 et 14).
Par la rue des Morillons, on gagne le Parc Georges Brassens, construit sur les anciens abattoirs de Vaugirard. Au passage, incursion dans la rue Santos-Dumont, où Georges Brassens avait élu domicile au n°42, de 1969 à sa mort en 1981 (après avoir habité impasse Florimont), et la Villa Santos-Dumont où a habité au n°3, de 1925 à 1960, le sculpteur Ossip Zadkine, avant de déménager rue d'Assas(15) .
Au coin de la rue des Morillons et de la rue de Brancion, une porte surmontée d'une tête de cheval marque l'entrée des anciens abattoirs hippophagiques. Derrière, c'était le marché aux chevaux qui désormais accueille en fin de semaine le marché hebdomadaire du livre ancien (16).
A cet endroit se trouvait au XVIIIe siècle le vignoble de Périchot, planté de pinot noir. De 1894 à 1974, les cultures ont été remplacées par des abattoirs, détruits en 1977 pour faire place en 1985 à un parc de 8,7 hectares (17 et 18), dédié à Georges Brassens (19). Subsiste, au bord du bassin, le beffroi du marché à la Criée, avec son horloge ((20).
Le parc est décoré de statues animalières: L'Âne de François-Xavier Lalanne (1927-2008), les Taureaux d'Isidore Bonheur (1827-1901) ((21) transférés du Trocadéro et le Porteur de Viande d'Albert Bouquillon (1908-1997) bronze qui date de 1991 (22).
Retour par le théâtre Sylvia Montfort (architecte Claude Parent, 1992, 415 places en gradins) en passant par les ruches (23). Au coin de la rue Fizeau, boulangerie Poilâne (décor 1900). Et au coin de la rue Brancion et de la rue des Morillons, la brasserie «Au cent kilos», de la même époque, nous accueille pour le pot traditionnel avant la débandade.
(Compte-rendu Jacques-Michel Tondre sur des photos de Philippe Thébault avec la collaboration de GS et HR )